Nylon Bar

L'apéritif en nylon

La traversée du dessert

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Un petit air de printemps se dessine sur les coeurs et voilà qu’on trouve ce que l’on ne cherchait pas.

Un centre commercial comme tant d’autres, un restaurant où les gens s’arrêtent, qui pour grignoter une pizza, qui pour s’enfiler un plat de nouilles agrémenté d’une sauce, où les couleurs forment un tableau de Picasso, période abstraite. Je suis là, je me suis restauré d’une assiette d’avocats aux crevettes et j’en suis au dessert, une salade de fruits. Les gens passent et repassent, l’un portant triomphalement un plateau avec un café et une magnifique pâtisserie dont le sommet s’érige comme un pic enneigé. Quittant visiblement à regret sa place, son assiette vide, un autre s’en va d’un air un peu triste, vers un lieu ou une personne, aussi triste que lui. Voici deux charmantes dames qui viennent occuper la table en face de moi, encastrée dans une petite niche, un semblant d’intimité tout relatif. J’ai remarqué que la plus jolie avait une magnifique paire de jambes, la peau à peine cachée par du nylon noir aux reflets brillants. Ces dames papotent, sourient et rient, selon un rituel complice. Pendant que l’une parle, l’autre en profite pour fourrer dans sa bouche quelque nourriture terrestre, préalablement découpée avec entrain et mis enfournée d’une mouvement de fourchette vaillant. Ce qu’elles se disent, je l’ignore, je n’écoute pas, perdu que je suis dans ma rêverie contemplative sur ses jambes. Elle les croise et décroise, en une cadence irrégulière, sous mon oeil inquisiteur. Mais la jupe est trop sage, bien plus que moi. Le temps passe, peut-être cinq minutes, peut-être dix, je n’ai plus la notion du temps, il s’est arrêté. Le repas arrive à son terme, les services sont posés sur les assiettes d’une geste définitif. La dame aux jambes de rêve fouille dans son sac et sort une petite boîte de couleur verte. Elle l’ouvre et la voici avec à la main… une seringue. Elle n’a pourtant pas l’air de s’adonner aux paradis artificiels. Je comprendrai juste après, qu’il s’agit probablement d’une diabétique et que c’est l’heure de son injection. A mon grand étonnement, elle retrousse sa jupe qui m’avait caché jusqu’ici qu’elle portait des bas jarretières. En haut de la lisière du bas, elle plante son aiguille dans sa cuisse, d’un geste rapide et s’injecte sa dose. Je suis si surpris de cette vision inattendue, que j’en oublie de frissonner à la vue de l’aiguille qui pénètre dans la chair. Merci Madame et mille regrets. Oui des regrets, car je dois probablement à votre maladie, d’avoir pu jouir de pareil spectacle. Ces secondes furent délicieuses, celles qui rendent la journée belle. Merci, oui merci, mais au fait pourquoi? Oui merci, vous auriez très bien pu faire cela beaucoup plus discrètement. Calcul de votre part, mon regard était-il si ardent qu’il vous a suggéré de procéder ainsi? Je ne sais pas, j’ose espérer que oui.

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