Nylon Bar

L'apéritif en nylon

Mon nylon blues en couleurs

3 Commentaires

.Les couleurs étant un phénomène universel, elles s’expriment de diverses manières à travers les cultures. Chez nous le ciel est forcément bleu quand on est bien ou on a le sang bleu. Les idées et les colères peuvent être noires , on est vert de rage, rouge de confusion ou on a carte blanche. Il en va parfois autrement quand on va sous d’autres cieux. La couleur a toujours joué un rôle dans la mode contemporaine, d’abord de manière plutôt restrictive, puis de manière progressive. Le bas nylon n’échappe pas à cette évolution.

Avant de pouvoir porter un jugement sur la teinte d’un bas, il a d’abord fallu qu’il soit visible, ce qui n’a que timidement commencé avec le 20ème siècle. Seuls des endroits comme le Moulin Rouge et son célèbre French Cancan, exposaient les jambes d’une manière très visible, mais encore fallait-il y aller, ce n’était pas le spectacle de la rue. Auparavant, seul l’intimité du foyer ou de certaines maisons pas très ouvertes, permettait de voir une jambe et par définition ce qui les habillait quand c’était le cas. C’est surtout les matières employées qui déterminaient la couleur, le plus souvent, sombre, gris, noir. Il faut se mettre en tête que la vision de la peau de la jambe était un raffinement ou un scandale selon les cas. L’histoire de l’évolution des textiles qui ont servi à la confection des bas ne rentre pas dans l’objet de cet article, mais disons que la soie et la laine ont traversé les siècles. A la belle époque, le bas de soie est le principal apanage des belles dames qui sont aisées. Il en sera ainsi jusqu’à l’invention du nylon en 1938.

Le Moulin Rouge, ouvert en 1889, l’endroit est un appel à la coquinerie, à l’époque bien sûr

Au cours du siècle passé la femme a lutté pour son indépendance de diverses manières. La plus visible fut sans doute au niveau de sa libération des carcans, tels que les corsets,  qui enfermaient son corps et surtout le cachait.  Au lendemain de la 1ère guerre mondiale, les garçonnes donnèrent un coup d’accélérateur à la reconnaissance de la femme en tant qu’égale de l’homme. Même s’il restait beaucoup de chemin à parcourir, les femmes portèrent le pantalon, au propre et un peu au figuré. Les jupes et les robes se raccourcissent et on put enfin voir au moins quelques mollets.  Ce qui était caché devient visible et bien vite les soucis d’élégance prennent le dessus. Pas question de mettre un bas troué, il faut que tout soit impeccable. Cela permet aussi quelques fantaisies décoratives pour égayer le tout. La couture du bas, qui n’est pas une décoration comme certaines demoiselles peuvent le penser aujourd’hui, mais le résultat du procédé de fabrication, se doit d’être parfaite.

Une fantaisie d'époque Des temps plus austères qu’aujourd’hui, mais la visibilité appelle la fantaisie

Au niveau des teintes, on est toujours plutôt dans le sombre, parfois le clair ou le blanc. Mais le grand changement, c’est la transparence, le fil est moins épais, moins opaque. On commence à deviner  la peau à travers. La révolution de l’invention du nylon va bouleverser tout cela. C’est la ruée générale, spécialement en Amérique, pays d’origine. Pour le reste du monde, cela tombe plutôt mal, car l’Europe entre en guerre l’année d’après et les plus malheureuses devront attendre la fin de celle-ci, pour enfin voir de près et surtout porter cette fameuse invention. Pour l’instant, la révolution n’est pas synonyme de couleurs, les premiers bas nylons se déclinent en teinte chair plus ou moins nuancée et plus ou moins transparente. Le noir est aussi là, mais réservé plus particulièrement au deuil, car il est de bon ton de le monter, c’est même recommandé. Les années 50 ne vont rien changer à la chose, sinon dans sa fabrication. Le bas sans couture est techniquement possible et il prend sa part de marché au détriment de son ancêtre.

Un spectacle courant dans les années 50, la couleur chair est le standard

C’est bel et bien les années 60 qui vont qui vont apporter de la couleur sur les jambes des dames. Il y a plusieurs raisons à cela. La moindre n’est pas la présence d’argent dans les poches des adolescents. Alors vous connaissez le principe, on offre de plus en plus de choses pour attirer le client. Pour les demoiselles, mettre ses premiers bas est un grand pas en avant vers la sensation d’être quelqu’un et comme les bas sont d’utilisation très courante, on aguiche la cliente. Pour ce faire, on range au placard les vieilles idées et les bas peuvent se conjuguer en divers motifs et un tas de couleurs. Le summun fut les bas à l’effigie des Beatles.

Les Beatles ne sont pas seulement dans les pensées des adolescentes, mais aussi sur leurs jambes

L’apparition du mouvement hippie, psychédélique, très coloré, donne un coup de fouet à la chose. Il n’y a pas de raisons de ne pas porter des bas bleus, violets, rouges, roses, verts, enfin l’arc-en-ciel quoi. Tout ceci se déroule en peu de temps, car c’est justement la transition entre bas et collants, mais la fantaisie sera reportée sur les collants.

Bas ou collants la deuxième moitié des sixties s’inspire des flashs de guitare de Jimi Hendrix et autres musiciens en vue

Une dizaine d’années plus tard quand les bas font une timide réapparition, c’est surtout le bas résille qui fait des adeptes chez les punks. Il est vrai qu’il est souvent regardé comme un accessoire porté par les femmes légères d’un temps révolu, mais on ne gêne pas trop pour monter une certaine décadence. Vers 1977 et 1978, c’est déjà un peu la remise en avant d’une certaine nostalgie. C’est là qu’on peut contempler le retour du bas et l’apparition du collant à couture. Une fausse couture, dessinée en trompe l’oeil. Mais on reste assez traditionnel au niveau des coloris, chair, noir, blanc sont courants. Le bas, conjugué aux portes-jarretelles ne sont plus tout à fait absents des présentoirs, preuve qu’il y a un intérêt, certes petit, mais un intérêt quand même à porter de la lingerie sexy. Le phénomène prendra quand même un part d’évolution dans les ventes lentement progressives. Les fabricants de bas, tous modernes il n’y a plus d’artisanat dans le domaine, vont se lancer dans une valse d’idée nouvelles, de fantaisies qu’ils vont appliquer de diverses manières tant au niveau couleurs que de la présentation. Le bas qui tient tout seul trouve les faveurs de Dim, suivi par d’autres. Chantal Thomas, réinvente la lingerie avec un mélange de sexy et de modernité. Depuis les choses n’ont cessé de tenter de séduire la clientèle. Bas ou collant vous voyez le résultat tous les jours dans la rue. Peut-être le fait le plus significatif est la mode qui va vers le vrai rétro, proche de ce qui se faisait il y a 50 ans. Les sous-vêtements, pour une partie, retrouvent leur côté charmeur et fonctionnel d’antan. Des femmes qui portent des bas tous les jours, ne sont sans doute pas légion, mais certainement beaucoup plus nombreuses qu’il y a 30 ans.
Tout le reste est affaire de goût. Si je devais parler de mes goûts en la matière, eh bien, je vais le faire puisque vous me le demandez. Ma couleur préférée est sans conteste le noir, couleur à mon avis la plus sexy. Le bas, il sans dire que c’est le bas à couture, façonné à l’ancienne avec les diminutions. C’est surtout une question d’esthétique, car c’est celui qui habille le mieux la jambe, et si celle-ci est belle, c’est un plus incontestable. Une question que je ne sous estime pas: le toucher. Evidemment, il faut un certain contexte pour le faire. Certaines matières servant à la confection des versions modernes, n’offrent pas de sensations qui me font frémir. On a un peu l’impression de caresser un mouchoir. Les vrais bas rétro, et certains modernes, sont d’une autre dimension. La main glisse sur le bas, un peu comme sur une coquine culotte en nylon. Ravissement garanti chez moi. Sans oublier le jeu de la couleur du bas et celui de l’accessoire qui sert à les tenir. et la manière de le fixer. Un mariage entre le rouge et le noir, le noir et la blanc, enfin tout ce qui peut provoquer une sensation agréable au regard de celui qui contemple. C’est un aspect qu’il ne faut pas négliger, mais là encore, c’est le goût de chacun. On peut sans hésitation laisser courir son imagination.

Pour terminer, quelques exemples sur les textures, les couleurs, le résumé condensé du spectacle auquel on peut s’attendre aujourd’hui et un film incontournable dans son contexte.


La fameux film d’Antonioni « Blow-up » est mythique sur plus d’un point. La scène du club permet de voir un des groupes les plus légendaires des sixties, les Yardbirds et Jeff Beck qui casse sa guitare. Je crois que c’est le film qui représente le mieux la transition entre l’ancien et le moderne. Sur une intrigue assez ténue, on suit la caméra qui explore son temps. On peut y voir une jeunesse à la recherche de son absolu et les derniers vestiges d’une Angleterre traditionnelle. Regardez les tenues vestimentaires, vers 1’30 vous apercevrez même une demoiselle assise qui porte encore des bas, c’est la transition entre la vieille école et la nouvelle, le début du flash multicolore. Les gens qui passent dans la rue à la fin de la séquence sont un mélange des deux bords, les convertis et les conservateurs. Si dans la guerre bas/collant c’est encore 50/50, la fantaisie s’installe peu à peu. Le retour timide du bas quelques années après a gardé tout l’inspiration, la décadence de cette époque. On ne portera plus jamais des bas de la même manière. Ainsi soit-il comme dirait l’autre, mon nylon blues en couleurs commence ici.

3 réflexions sur “Mon nylon blues en couleurs

  1. Tout simplement « Superbe »
    Jane

  2. Merci Jane,
    Très content de votre appréciation

    Cordialement

  3. Encore un reportage haut en couleurs et bien achalandé.
    Bravo Boss.

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