Nylon Bar

L'apéritif en nylon


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Francesca et moi

Elle avait l’air un peu triste d’une femme qui prépare sa bouillotte par un soir d’hiver, en sachant que son homme ne viendrait pas la rejoindre dans son lit. Des hommes, je crois qu’elle n’en a jamais connus.   Pas quelle soit moche, non, pas franchement une beauté non plus. Elle avait assumé le destin de ces pauvres filles de la relativement misérable Italie de l’après guerre, obligées de s’expatrier pour trouver un travail souvent mal rétribué dans un quelconque pays d’accueil. Elle venait de Piacenza, cette ville d’Italie où le Pô s’attarde, conquis par le ciel de l’Emilie-Romagne et le charme de ses vins. Elle parlait un français approximatif, très teinté d’accent de son pays, avec la particularité de prononcer le tu ou tout en tuut, ce qui nous donnait parfois l’impression qu’une locomotive à vapeur allait entrer dans le salon. Une fois en se rendant à la boucherie, désirant une tranche de veau et ne connaissant pas le mot français, elle demanda simplement une tranche du fils de la vache. Elle avait ouvert un petit atelier de couture à domicile, entreprise dont elle était l’employée, la directrice et la seule actionnaire. Elle était assez habile de ses mains et, ma foi, une bonne partie de la  bourgeoisie de la ville, presque toujours des dames, venait volontiers lui confier des travaux. Francesca a pourtant joué un rôle essentiel dans ma présence en ce bas monde, c’est par son intermédiaire que mon père à rencontré ma mère. Comme vous le voyez, tout est relatif en ce bas monde, autant que dans le théorie d’Einstein. Le moindre petit fait banal peut avoir une importance capitale pour vous. Elle était en effet une copine de ma mère, rencontrée lors d’une de ces réunions amicales  qui font que les gens d’un même pays ou région, ont une certaine tendance à se rejoindre sous d’autres cieux. Ma mère était justement la gouvernante d’une famille de bourgeois de la ville qui venait lui apporter du travail. Si ma mère a aussi des origines italiennes, par contre elle avait fait d’assez bonnes études dans son pays natal, surtout elle parlait et écrivait le français d’une manière quasi impeccable. Ma passion pour l’écriture vient sans doute de là, je suis bien le fils à ma maman. Quand je suis venu au monde, nul doute qu’elle se considérait un peu comme mon sponsor. Elle avait une certaine affection pour moi, j’étais un peu son fils. Elle n’oubliait jamais Noël et je recevais de sa part un cadeau de circonstance. Comme nous n’habitions plus  la même ville, ma mère avait l’habitude de rendre une visite à ses anciens patrons et à sa copine par la même occasion et parfois je l’accompagnais. Une fois ou l’autre, c’est elle qui venait chez nous.

Lors d’une de ces visites, c’était vers le milieu des années soixante, elle se livra involontairement à un petit jeu qui m’intéressa. J’avais déjà une libido éveillée et je n’ignorais pas que sous les jupes des dames se cachait de terribles et agréables secrets que seules les personnes autorisées pouvaient voir. Vu mon âge à ce moment là, je ne pouvais que tenter d’en savoir plus par indiscrétion ou d’attraper au vol quelques visions furtives.  Une partie de ces secrets était d’ailleurs assez visible par les bosses que faisaient ses jarretelles sous sa jupe assez serrée. Je dois dire que je me régalais du spectacle et la pauvre ne se doutait point de mon intérêt pour ses jambes et le reste, surtout le reste. Après dîner, en attendant le café elle se rendit sur le balcon pour admirer la vue, splendide, que nous avions depuis notre appartement. Ne sachant pas que je l’observais, elle s’assit sur une chaise qui se trouvait là et commença à jouer, disons-le comme cela., avec les boutons de ses jarretelles, toujours bien visibles en relief sur sa jupe. Je n’en perdais pas une miette. Le jeu dura tant qu’elle ne se sentit pas observée et ne vit venir personne. J’imagine ce qu’elle aurait pu faire dans l’intimité, mais c’est une autre histoire.


Après cette bien innocente histoire, quelques années plus tard, elle fut à nouveau la complice involontaire d’une séance d’observation qui ne me laissa pas de marbre. Je suis allé chez elle un peu par obligation, en voiture, car j’ai grandi depuis l’anecdote précédente et je conduis maintenant, pour amener ma mère chez elle. C’était pas vraiment une corvée, car je savais que j’aurais l’occasion de boire un de ces bons cafés à l’italienne, trois cuillères de café pour un dé à coudre d’eau. Et puis, c’était aussi un peu le plaisir de me replonger dans la langue de Dante. En rien, je ne devais regretter ma visite. Tout commença par un séjour au petit coin, où  je vis quelques paires de bas soigneusement alignées sur un séchoir. Cela m’indiqua qu’elle n’avait pas passé aux collants comme la presque totalité des femmes converties à cette détestable mode, avec le consentement, plus que l’approbation, du copain ou du mari. Il y avait au moins deux irréductibles résistants, San-Antonio et moi. Lui, dans ses romans il voyait des bas partout, moi beaucoup moins car je ne suis pas un romancier. Mais la suite de l’histoire aurait pu sortir d’une histoire de ce cher commissaire. Cette histoire, vous la découvrirez dans le prochain épisode de mes folles aventures…

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Le visiteur du soir

Cette histoire  date déjà de plus d’une vingtaine d’années. Elle concerne une de mes copines que nous appellerons Estelle. Elle est sans doute celle qui avait le plus le romantisme à fleur de peau. Perçue plutôt comme une femme du genre meneuse et fonceuse, à côté d’une grande culture, elle maniait l’art de s’habiller avec un classe certaine. La moindre de ses robes venait des meilleures boutiques de la ville. Nous formions un couple depuis pas mal de temps, tout en gardant chacun notre indépendance. Nous avions l’habitude de nous réserver des soirées pour nous seuls, avec bonne cuisine et bonnes bouteilles pour démarrer la soirée. Elle habitait dans une maison complètement en dehors, nous pourrions presque dire, de la civilisation. Une ferme isolée, servant de haras, que nous partagions avec les très discrets propriétaires. Ce fameux jour, j’arrivai en début de soirée comme convenu. Après la galoche d’usage et une petite balade le long de ses cuisses pour voir si je sentais la bosse d’une jarretelle, je constatai que c’était bien le cas. Elle n’était pas une inconditionnelle du bas, parfois des bas coutures, mais elle en mettait pratiquement toujours pour nos soirées intimes. Par contre elle n’aimait que les guêpières, elle n’avait aucun porte-jarretelles dans sa collection de lingerie.

Bon vous imaginez que je n’allais pas appeler la police. D’autant plus que la femme de caractère que tout le monde connaissait, changeait du tout au tout en devenant câline et très branchée sur les ambiances feutrées. Pour le début de la soirée, elle portait une de ses robes amples, un peu style années cinquante et plutôt en dessous du genou avec des bas noirs. Nous avons mangé et discuté de choses et d’autres. La littérature et la philosophie revenaient assez souvent dans nos conversations. Quand nous passions au salon, elle s’éclipsait un moment et revenait dans une autre tenue, plus sensuelle. Elle avait un jupe serrée qui avait la particularité d’être fendue très haut sur le devant. Bien sûr pour moi c’était un régal, en même temps qu’une invitation. Cela ne cachait presque rien de la lisière de ses bas, à l’entrejambe. Je n’aurais presque rien de plus à raconter, si un événement imprévu n’avait troublé le cours de la soirée, sous la forme d’un coup de sonnette à la porte. Dans son entourage, il y avait un mec qui lui tournait autour depuis des années, espérant un signe d’invite de sa part, qu’il attend toujours. Ce mec était gentil, un peu balourd et toujours fringué aux soldes. Il nous rendait pas mal de services, en étant un très bon bricoleur. C’était sa manière à lui d’avoir ses entrées chez ma copine, mais cela s’arrêtait sur le seuil de la chambre à coucher. Vis à vis de moi, Estelle, m’avait clairement dit ce qu’il représentait pour elle, une bonne amitié, mais rien de plus. Alors je me foutais pas mal de la savoir dans les environs quand je n’étais pas là. Exception faite de ce soir là, car c’est lui qui était derrière la porte. Il avait décidé de s’inviter pour voir si par hasard un robinet n’était pas en train de fuir, on ne prend jamais assez de précautions. Estelle connut un moment de panique, car vous savez qu’elle était sa tenue à ce moment là. Pendant que je faisais entrer le bonhomme, elle gagna au pas de course la chambre à coucher. Elle résolut le problème en enfilant sous sa jupe une paire de leggins, qui cachait l’essentiel et revint nous tenir compagnie.

Même si ma copine portait des bas, elle ne l’aurait jamais dit ouvertement ou montré à un autre homme et lui aurait probablement tourné une baffe si d’aventure il lui avait posé la question. Nous avons prétexté une virée le lendemain et un coucher avancé, tu parles, pour qu’il n’installe pas sa toile de tente dans le salon. On lui a quand même offert un verre, tout au plus nous espérions que le visiteur n’aurait pas trop soif. Mais parfois il y a un petit lutin qui s’amuse à nous jouer des tours. Ce petit lutin arriva sous la forme d’une chatte, compagne attitrée de l’occupante des lieux. Paisible animal qui se réveillait après un bon petit roupillon, et qui se sentit soudain en manque de caresses avant de partir pour sa ballade nocturne, rendre visite aux souris des environs. D’autorité elle manifesta l’intention de sauter sur la table pour faire sa tournée et le fit. On dit que les chats retombent toujours sur leurs pattes, c’est sans doute vrai, mais ce que la demoiselle n’avait pas prévu, c’était l’encombrement sur la dite table. Entre les verres et les bouteilles, le cendrier et les reliefs du repas, la brave bête ne trouva pas une piste d’atterrissage à sa mesure et il y eut un mouvement de panique qui lui fit renverser un verre, celui qui était devant Estelle. Le contenu du verre alla généreusement se répandre sur ses jambes. Dans un réflexe pas du tout calculé, elle se leva et remonta sa jupe en la levant par les deux pans, avec l’espoir de minimiser les dégâts. Oui bien sûr il y avait les leggins, mais vous connaissez la particularité de ces derniers, c’est de bien coller au corps. Et ce qu’il y avait dessous devint plutôt visible, comme une carte de géographie en relief. Je pense que l’invité n’en perdit pas une miette, mais n’en souffla mot. Dignement, histoire de cacher sa gêne, Estelle opéra un retraite et revint un peu plus tard sans ses leggins et en arborant une robe plus traditionnelle, qui ne laissait rien soupçonner. On discuta de l’incident après le départ de notre invité. Au moment fatidique, tout se déroula très vite dans sa tête. Elle pensa qu’elle pouvait lever sa jupe et que les leggins assuraient un bon camouflage. Mais une fois la jupe levée, elle vit bien que tout devenait extrêmement visible. Elle réalisa que notre ami pouvait tout deviner sur ses secrets vestimentaires et elle en ressentit une certaine panique sur le moment. Je la rassurai et elle finit bien par admettre que peut-être il n’avait rien vu. Et que si c’était le cas, eh bien il savait qu’elle portait parfois des bas, que j’y étais sensible et que cela m’était destiné.

Le seul dégât consistait en une jupe qui avait une légère odeur de whisky. Quant à la chatte, elle ne fut même pas privée de pâtée et eût plus tard un joli toutou comme compagnon de jeu. Avec lequel elle s’entendait fort bien d’ailleurs.