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L'apéritif en nylon

Nylon paparazzi (20)

2 Commentaires

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On sait tous que l’invention du nylon  remonte aux années 30 et que le brevet est américain. Si on peut considérer aujourd’hui que sa naissance est un événement digne d’être fêté par certains, il ne faut pas oublier que d’un autre côté il s’agit déjà d’un coup de commerce comme les Américains en ont le secret, ou du moins en avaient le secret, car ils ne sont plus les seuls. Chaque pays qui a un potentiel économique peut maintenant se lancer avec plus ou moins de bonheur dans le lancement d’un produit et surtout de créer la demande. On connaît tous la réussite d’un label comme Swatch qui a réussi à créer tout un monde avec un objet de consommation somme toute assez banal. Qui ne possède pas une montre?  Son fondateur, Nicolas Hayek a réussi a faire passer dans l’imagerie populaire une montre qui abandonnait sa présentation classique pour aborder un style beaucoup plus fantaisiste fait de couleurs et de formes.  Au fait, savez-vous qu’il existe un modèle Swatch Porte-Jarretelles?

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Le succès d’un buzz commercial dépend aussi des circonstances. On peut lancer un produit à un moment donné et se planter complètement, le même fera l’inverse à un autre moment. Deux exemples, le fameux thé froid dont on boit aujourd’hui des rivières entières, a été lancé chez nous sous sa forme industrielle au début des années 70, mais ce n’est qu’une quinzaine d’années plus tard qu’il a fait un boum, sa mise en brique l’a certainement aidé. La fantaisie dans la montre n’est pas une invention originale de Swatch. Rappelons-nous des fameuses montres Kelton qui visait la clientèle jeune. Elle introduisait la notion de jeunesse consommatrice, on changeait d’habits donc on changeait de Kelton. On faisait appel aux vedettes connues pour la publicité, pour faire comme. La marque avait aussi un groupe de rock édulcoré qui était sponsorisé et qui s’appelait bien sûr les Kelton. La marque n’a pas résisté à l’épreuve du temps, mais l’idée était belle.

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Le bas nylon en lui-même n’est pas une révolution. Le bas existe depuis des siècles, c’est le nylon qui lui donne son envol. L’étymologie du mot a une origine incertaine, mais les initiales des cinq épouses qui ont mis au point l’invention semble la plus probable.  Il est présenté comme un article qui va révolutionner l’apparence de la jambe. En réalité, l’invention sera employée pour bien d’autres choses, le parachute par exemple, nettement moins sexy. Sa mise en vedette définitive sur la jambe, on l’a d’abord  utilisé pour la brosse à dents, a l’énorme avantage de concerner à peu près la moitié de la clientèle potentielle des USA, la femme. Le besoin de matière première entre une brosse à dents très peu sexy et une paire de bas est bien évident quand il s’agit de produire et de vendre. Passer d’un nouveau produit pour en faire une révolution doit aussi au hasard et au contexte historique prédominant lors de sa création. C’est le cas pour le bas nylon. La soie qui sert à la fabrication des bas jusque là vient principalement du Japon, mais pour des raisons politiques le gouvernement américain en a interdit l’importation. Cela profitera incontestablement à l’avènement du nylon.  Si tout est déjà empreint de gigantisme aux USA à la fin des années 30, l’industrialisation possède les moyens d’alors, en aucun cas comparables à ceux de maintenant. Le succès du bas nylon officiellement commercialisé en 1940 est tel, que la demande supplante de loin l’offre. Il devient un produit qui se vend parfois dans les marchés parallèles à des prix exorbitants. Chaque dame en veut une paire, on produit, on produit, mais c’est insuffisant. Ce n’est pas tellement le potentiel de main d’oeuvre qui manque, mais les endroits où on peut le fabriquer. Les inventeurs possèdent un droit de licence et n’importe qui ne peut pas se mettre à produire ces fameux bas. Et là-bas c’est sacré, le patriotisme se marie au fric quand c’est possible, mais ne saurait s’effacer devant lui. Pendant qu’on discute le temps passe. Le patriotisme, justement, il va être mis à l’épreuve. N’oublions pas que l’Europe est en guerre et que l’Amérique va entrer en guerre après Pearl Harbour, fin 1941. Au début le patriotisme va se mesurer d’une manière assez particulière en faisant appel aux dames, l’industrie de l’armement a justement besoin de nylon, pour fabriquer des parachutes et divers trucs pour l’armée. Alors, dans un ultime geste patriotique les dames vont détacher leurs bas pour alimenter l’effort de guerre. L’Europe, qui subit des temps difficiles, n’est quand même pas trop à la traine pour les nouvelles et il y a encore au moins un ou deux pays qui sont libres d’opinion en ce qui concerne l’actualité internationale. Tout ceci va un peu alimenter la légende de ces fameux bas qui finiront par arriver avec les troupes libératrices quelques années plus tard. Les dames n’attendent que cela, un moment d’intimité contre une ou deux paires de bas, ne fait pas partie des choses qui ne sont que légendes. On a tous en souvenir pour ceux qui l’on vu, le film « La Bataille Des Ardennes ». Telly Savalas (alias Kojak) tient le rôle du sergent Guffy, un commerçant improvisé qui profite de la guerre pour faire ses petites affaires, il fourgue bien évidemment des bas nylons à qui le demande. Ou encore cette anecdote authentique racontée par un soldat suisse. Entre la France en guerre et la Suisse neutre, la frontière n’était pas complètement hermétique, les frontières avec douaniers existaient toujours. Quelques personnes avaient des autorisations pour passer de l’autre côté. Un curé français en faisait justement partie et souvent se rendait en Suisse. Un jour alors qu’on douanier soupçonneux lui demanda s’il avait quelque chose à déclarer, le curé répondit: « Oui mon fils, j’ai quelque chose sous ma soutane qui d’habitude fait plaisir aux dames ». En rigolant, le douanier laisse passer le curé. En réalité, il n’avait pas menti, il avait planqué sous sa soutane des paires de bas nylons qu’il ramenait en France.

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Non ce n’est pas la sortie du nouvel IPhone, du nylon, juste du nylon

Mais voyons par quelques articles dans les journaux d’alors comment le nylon est traité par la presse. Vous pouvez cliquer sur les images pour une meilleure visibilité.

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Deux articles de 1941 qui présentent le nylon, alors encore une chose encore assez mystérieuse pour les Européens. Présentation et commentaire sur les problèmes que peut rencontrer la fabrication américaine.

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Une utilisation du nylon qui va devenir usuelle, le fil qui tire le poisson hors de l’eau sera en nylon. En 1942, on se préoccupe plus de la pêche que des effets du nylon sur les jambes des dames.

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En 1945, à peine sorti de la guerre, on pointe déjà les nouvelles tendances de la mode. Le nylon sert aussi à la confection des robes.

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Sa Majesté qui fête cette année ses 60 ans de règne, fête en 1945 ses 20 ans. Elle n’est pas encore reine mais se soigne. On apprend dans cet article qu’elle reçoit la première paire de bas nylons fabriquée en Angleterre.

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Extrait d’une chronique sur le Trieste d’immédiate après guerre. Devinez ce qu’on y trouve…

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Les commentaires d’une touriste anglaise de passage en Suisse, tout ce que vous voyez en vitrine…

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Trois publicités parues en Suisse en 1946 vantant les mérites du bas nylon dont un de fabrication française, eh oui la fabrication a démarré sur sol français.

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27 060813-1Intéressant article sur la situation de l’industrie française après la guerre. On y parle de bas nylons, mais aussi de toutes les difficultés de relancer une économie mise à terre par la guerre. A l’évidence, la situation du monde ouvrier n’est pas des plus enviable.

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2 réflexions sur “Nylon paparazzi (20)

  1. Article très très intéressant sur les premiers pas du bas nylon

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