Nylon Bar

L'apéritif en nylon


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Le Boss bosse sur les bosses

Voici la dame qui déambule dans la rue, celle qui pénètre dans le bar ou celle qui vient vers vous pour un tendre rendez-vous. Il se peut aussi qu’elle soit assise ou allongée sur un divan. Qu’importe la pause. Même si sa tenue n’a rien rien de remarquable, entendez par là qu’elle ne porte pas un tailleur griffé Christian Dior, elle porte ce qui la rend féminine, un jupe, une robe, mais Dieu merci pas de pantalons. Mais gageons qu’elle s’habille avec goût, elle est de celles qui ont l’élégance naturelle.   Si vous êtes un amateur de bas, nul doute que votre regard se perdra sur la jupe de la dame à la recherche de votre Graal. Ce dernier est si peu de choses, un signe tangible que la personne porte des bas. Une bosse, un relief, et voilà votre regard qui s’illumine. Selon les circonstances, très visible ou à peine perceptible, il vous fait déjà rêver sur les mille attraits qui vous sont destinés ou seulement soumis à votre vision faisant naître en vous autant de regrets.
Pénétrons dans l’imaginaire de la femme. En ces temps où porter des bas, c’est un peu repartir à la conquête de la féminité, il y a celles  qui l’assument pleinement. Oui, je porte de bas, c’est visible et alors? D’autres, moins téméraires, hésitent. Oui, je veux bien porter des bas, c’est mon secret, alors je veux qu’il le reste. Je ne souhaite pas sortir dans la rue ainsi vêtue, même si personne n’en sait rien. De chaque choix personnel découlera la conclusion visible ou non. Bien sûr, la préférence masculine ira sans doute vers l’option visible, diable le spectacle est séduisant, mais restons sages. Pensons que si c’est une inconnue, la visibilité n’est très certainement pas une invitation. Allons un peu plus loin, je fais appel à vous messieurs, si vous étiez partie prenante, que votre compagne porte des bas dans ses sorties, alors visible ou invisible? J’en vois qui hésitent déjà, la question est grave et mérite réflexion.  Avouons que le comportement le plus galant, c’est de laisser le choix à l’intéressée, conscient ou non.

Maintenant à savoir si ce petit indice révélateur angoisse ou laisse la femme indifférente, c’est une question à laquelle je laisse les porteuses de bas répondre. Quelle que soit leur avis, il est de toute manière respectable et je m’en voudrais d’influencer une tendance ou l’autre. Je prends l’image au vol quand elle se présente, juste cela et rien de plus.
Ces considérations ne sauraient se passer de quelques illustrations.  Alors je suis parti en chasse et j’ai ramené quelques trophées, si l’on peut dire. Pour respecter l’image de la personne, si d’aventure c’était involontaire,  je n’ai gardé que la section révélatrice.  Comme dans un certain guide, on pourrait leur attribuer des étoiles, ça je vous laisse faire. Entre la chose que l’on soupçonne et celle nettement visible, il y a tout un monde et je crois bien que je ne suis pas le seul à l’explorer. Je suis parfois  un peu un voyeur de l’imaginaire, je préfère ce que l’on devine à ce que l’on voit.


















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Nylon paparazzi (7)

Qu’étaient nos bas adorés aux temps anciens, comment en parlait-on? Pour le savoir, il est nécessaire d’aller fouiller dans les archives des différentes époques où par la grâce des journaux ou des livres, on peut se faire une idée plus précise du sujet. Plus que maintenant, le bas était un objet de consommation courante. La vraie différence, c’est que le bas seul n’était rien, il lui fallait des accessoires pour qu’il tienne en place. Il représentait certainement un côté coquin moins érotique que maintenant. On ne choisissait pas entre un bas et un collant, la première possibilité était la seule possible, ou alors se promener les jambes nues, ce qui était franchement indécent dans les moeurs anciennes. Précisons toutefois que les jupes étaient aussi beaucoup plus longues, faisant presque office de balai. Apercevoir une cheville au temps des rois de France était une jolie vision qui ne manquait pas de réjouir les amateurs de sensations coquines. Ce n’est qu’au tournant du 20ème siècle que les robes ont peu à peu diminué de longueur, donc il fallait cacher ce nu que l’on ne savait voir. Distinguons aussi la femme bourgeoise de celle de milieux plus modestes, cette dernière portant des vêtements par forcément à la mode, mais destinés à durer.

Une publicité de janvier 1934 nous renseigne sur la lingerie portée cette année-là. Disons-le tout de suite, elle s’adresse à une clientèle au minimum de condition moyenne. A titre de comparaison, un vélo coûtait environ 150 francs de l’époque. Certains articles de la vente avoisinent de moitié ce prix-là, donc ils font partie de la lingerie plutôt luxueuse.

25 janvier 1934
Jeudi, à LA GRANDE MAISON DE BLANC!, place de l’Opéra, journée spéciale de lingerie pour dames. Chemise nansouk jours et polo brodée 19.50; la culotte, 19,75; chemise nansouk rosé jours fin et broderie, 29 fr; la culotte 28 fr; parure soie et dentelle, la chemise, 29 fr; combinaison jupon soie point turc, 87 fr; culotte bord côtes 29 fr; porte-jarretelles satin, 9,75; douillette pompadour soie naturelle, 145 fr; exceptionnel mouchoirs linon vignettes pour dames, 17,50 la douzaine; pour hommes. 27fr la douzaine.

Un fait divers tragique d’octobre 1907, traité dans « Le Petit Parisien » est éloquent sur le respect de la vie privée. Lisez l’histoire, reproduite en entier pour la bonne compréhension, vous ne manquerez pas d’être étonnés sur la manière dont les enquêteurs étalent l’intimité de la victime. Imaginez mesdames, qu’aujourd’hui on cite le contenu de votre valise de lingerie en guise d’indices pour retrouver votre identité. Il donne aussi une idée de la composition d’une garde-robe en ces temps reculés.


La rue des Comédiens, à Bruxelles, a été le théâtre d’un affreux suicide. Une dame correctement vêtue, ayant l’accent parisien très prononcé, se présentait, il y a quelques jours, dans une pension bourgeoise de la rue des Comédiens et y louait une chambre pour une semaine. Elle déclara arriver de Paris, qu’elle était couturière et qu’elle était venue ici pour y trouver de l’occupation. Cependant, elle attira bientôt l’attention de tous les autres pensionnaires par ses allures. Elle paraissait en proie à un très grand chagrin et ses joues portaient encore les traces de larmes. C’est à peine si elle touchait aux aliments qu’on lui servait. Elle se faisait d’ailleurs monter ses repas au deuxième étage, qu’elle occupait. Or, hier,l’inconnue s’est précipitée par la fenêtre et est allée se briser le crâne sur les dalles du trottoir.
L’identité de la malheureuse n’a pu être encore établie, car on n’a trouvé sur elle aucun papier. De plus, afin de dépister les recherches, elle avait pris soin d’enlever la coiffe de son chapeau. Son cadavre sera photographié demain. Voici, en attendant qu’on ait pu l’identifier, le signalement officiel de la désespérée et aussi quelques renseignements de nature à aider les recherches.
Agée de 30 à 40 ans, taille 1 m. 60, cheveux noirs, yeux bruns, nez gros, bouche assez grande; oreilles ordinaires, corpulence moyenne. Vêtue d’une chemise et d’un pantalon de toile blanche non marqués, bas noirs, jarretelles rouges, jupon de dessous en flanelle rouge, jupon en brocart de soie noire avec dentelles noires, corsage en flanelle blanche pointillée rouge.
Dans sa chambre, parmi du linge non marqué on a trouvé un mouchoir marqué M au fil blanc, un mouchoir fantaisie marqué D au fil rouge un jupon gris fer à rayures obliques, un petit paletot, un manteau d’astrakan avec doublure en soie à Heurs couleur rouge passée, un corset noir, une fourrure tour de cou en marire, une paire de bottines en chevreau glacé avec bouts vernis et une pièce sur l’une des semelles, un pantalon de toile blanche marque au coton rouge des lettres V D, lettres mal faites. On a également découvert la somme de 1088 francs, plus 95 centimes en monnaie

Foyer Domestique, 1905, conseil gestion ménagère

Le corset

On vous a parlé du corset et vous vous demandez qui a raison, s’il faut porter un corset ou s’il n’en faut pas porter. Réfléchissez, raisonnez et vous arriverez sans doute h, une solution satisfaisante. Lorsque vous travaillez sérieusement, que vous frottez le plancher ou les meubles, le corset vous gêne-t-il? Oui, par conséquent n’en mettez pas. Mais lorsque vous allez vous promener, ou que vous voulez visiter quelqu’un, la besogne que vous faites est peu fatigante, rien ne vous empêchera alors de mettre un corset; je dirai plus, en mettant un corset peu baleiné et peu serré, les femmes un peu fortes paraissent toujours plus propres et surtout plus ordonnées. En agissant avec notre bon sens, en ne travestissant pas les indications que nous donne la nature, il est rare que nous n’arrivions pas à nous diriger sûrement.

Les jarretelles

Que vaut-il mieux employer pour retenir nos bas : des jarretières ou des jarretelles! Déjà vous avez répondu, n’est-ce pas? Pour que les jarretières retiennent bien le bas il faut qu’elles soient assez serrées et par conséquent elles peuvent causer une gêne circulatoire; nous donnerons donc la préférence aux jarretelles.

Félicien Champsaur (1858 -1934)

Un écrivain passablement retourné à l’obscurité. Il aborda un peu tous les genres littéraires. Avant tout un observateur de la vie artistique parisienne, il fut un précurseur de l’écriture moderne. Il laisse d’innombrables écrits. Voici un extrait d’un écrit paru en 1926.

Nuit de fête 1926.

Dans un coin du hall, une péripatéticienne s’asseyait un instant, et, pour aguicher un monsieur en habit noir qui la regardait impassible, levait rapidement sa jupe en corolle au-dessus de ses mollets élégants, deux fripons pistils, comme pour arranger une jarretière.

Le monsieur en habit noir:

– Vous portez encore des jarretières ? J’ai du goût pour ces attaches de ma grand-mère.

– Je n’aime pas les jarretelles ça tire et déchire les bas.

– Tu es économe et jolie. Alors, je vais t’épouser.

Vous pourriez tomber plus mal, monsieur. Je connais une princesse qui aime les bas très longs et ne porte ni jarretelles ni jarretières.
– Comment fait-elle tenir ses bas ?

– Avec des épingles à cheveux.

Le monteur en habit noir ajouta

– Au nid soit qui mâle y pense.

Puis il se perdit dans la cohue bariolée.

Comme vous le remarquerez dans les deux derniers textes les avis sont à l’opposé. Le premier est une évaluation qui peut se comparer à un avis de consommateur d’aujourd’hui. Mais le texte de Champsaur n’est probablement pas sorti de complètement de son imaginaire. La conversation a peut-être eu lieu réellement. Si l’on tient compte qu’il y a 20 ans entre les deux articles, on peut imaginer combien l’évolution entre le passage de la jarretière à la jarretelle a été long. Une sorte de guerre en dentelles, chacune défendant son camp. L’histoire de la princesse qui tenait ses bas avec des épingles à cheveux, m’a fait ressurgir un souvenir d’adolescence que je vais profiter de vous narrer en quelques mots.

Une pub de 1965 dans un journal anglais. Une gaine, article entre très porté à l’époque pas forcément par les grands-mères.